Veuves, le 22 janvier 1789
Nous notaire royal, à la réquisition « de Pierre Daviau, voyturië par eaux demeurant paroisse de Saint Denis entre les pons d’Amboise, somme transporté au lieu appellez les hauts de Veuves dits passe de Veuves, y étant sur les huit heures du matin, nous y aurions trouvé une tante située sur la levée, où il fesoit sa demeure avec ses gens, et autour de laquelle étoit du vin en poinçons, lequel nous auroit dit qu’il étoit équipé d’un train de cinq batteaux de bois chesnes nouvellement retably, garnis de trois grande voilles, mât et touttes ustencille nécessaire, qu’ils étoient chargés de vin du Cher pour le compte du Sr Girard Couesseau, marchand de vin demeurant ville de Blérez en Touraine, que les eaux basse l’ayant tenu en cette endroit dès le mois de novembre dernier et les gelées l’y ayant saisie, il auroit pour évitter les accidants qu’aucasionne assé ordinairemant les glasses ou les grandes crues, retirez ses batteaux du lit de la rivière et les auroit plassés au long de la levé à labry d’un cul de gresve et auroit par précaution déchargé tous ses basteaux du vin dont ils étoient équipés ; que cette sage dilligence de la part de Daviau n’empescha point qu’au mois de décembre dernier, après plusieurs jours que la rivière étoit grosse, qu’il se fit un faux dégellé occasionné par une cru qui rompa la glasse d’une telle force qu’il l’a répendit dans toutte l’extresmitté de la rivière, coupa l’étay d’un de ses batteaux par dessus le nez, que voyant cet accident, il augmenta le cordage de plus de quinze cent livres pour les assurer davantage, les quels étoient retenus par huit ancres non conpris des verges de voille qu’il avoit barré sur la levé à l’aide du cordon, où il y avoit un grand nombre de cordage qu’il resta en cet endroit l’espase de trois mois, et pendant la grande dureté de l’hivert afin d’avoir l’oeil sur ses batteaux que le froi auroit été si viollent qu’il auroit occasionné de la glasses autour d’iceux batteaux de plus de trois pieds[1] d’épaisseur et qu’il ne pu les déglasser ; enfin le dégesle arrivé environ le douze de ce mois par une crüe qui le dix neuf suivant soulleva la glasse toutte épaisse qu’elle fut, la rompa en plusieurs endroits, en enlevoit des morceaux, baroit la rivière ou enpeschoit le cours, et occasionna un regorgement, qui fesoit passer l’eau sur la levée, puis la force de l’eau pousant la glase avec une force surprenante cassoit, brisoit et entrainoit tout ce qui se trouvoit à sa rencontre, que le même jour sur les dix heures du soir, arriva un chaquement à ses batteaux, en enleva le premier de douze pieds de hault, brisa et cassa touttes les cordes qui le tenoit, que les glasses s’arrestèrent encore vis à vis le bourg de Veuve par les arbres qui se trouve sur la paroisse de Mosne et qui sans eux auroit bessé sans interruption, enfin il s’amassa des parties de glase de toutte la largeur de la rivière et sans monceller à plus de trente pieds de hault, retiennent le cours de la rivière ; et donna un regorgemant si tellemant prodigieux que l’eau passoit sur la levée en plusieurs endroit vis à vis le bourg de Veuves qui auroit péri sans le secours de personnes de plusieurs paroisse qui se rendirent pour soygner la levé, que cet augorgement donnant un peut de repos au cours de l’eau, pendant lequel tems Daviau et ses gens étancha le reste de ses batteaux mais que l’eau prenant un nouveau cours dans la prairie de Mosne passant avec une rapiditté incroyable jusque dans le bourg auroit occasionné l’écoullemant des autre glases qui ne cessoit d’ariver avec viollence auroient enlevé le reste de ses batteaux cordage et les huits ancres, cassé les verges qui barroit, renversé les cordons de la levée où ils étoient tenus qu’il n’a resté pour touttes choses que des bouts de cordages qu’ils étoient cinq cent livres pesant, et qu’à un demy quart de lieux il auroit reconu ses batteaux tous brisés sur un monceau de glase vis à vis la thuillerie de de Veuves, qui avoit plus de vingt cinq pieds de hault[2], et qu’un peut plus bas il s’en trouvoit des morceau plus haut que les maison qui se trouvent sur le rivage de la rivière de costé de Mosne que cette équipe fesoit toute la fortune dudit Daviau et qu’il n’a d’autre espérance pour le soutient de sa vie, celle de sa femme et quatre enfant dont l’ainé n’a que treize ans, qu’il estime cette perte à plus de sept mil livres non compris les dépends. »
AD41 3E 48/881