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Enfants trouvés

Abandonner son enfant est déchirant. Les parents prennent soin de l'exposer en un lieu fréquenté, voire symbolique, afin qu’il soit rapidement repéré et mis à l’abri. Une carte à jouer ou un papier griffonné est souvent accroché aux vêtements de l’enfant

Au XVIIIe siècle, les abandons d’enfants font l’objet de procès-verbaux, ici à  Blois.

Dimanche 9 mars 1760
« ayant eu avis qu’il aurait été exposé à la porte de fer des seigneurs de cette justice, du côté de la rue du Carois du Foix, un panier d’ozier dans lequel était un enfant », le bailli de St Laumer, le procureur fiscal, le greffier, se transportent sur les lieux sur les six heures du matin pour dresser procès-verbal de l’état de l’enfant et de son exposition.
« où étans avons trouvé attaché aux grilles d’icelle un panier d’ozier  blanc qui servoit à mettre de la chandelle dans lequel étoit un enfant qui nous a paru être né de trois à quatre jours lequel ayant fait démailloté a été reconnu pour être un garçon ayant le visage rond, brun sourcils chatins nez camus, bouche ronde bordée, cheveux bruns,  le front large, les yeux bruns, une testière neuve garnie de mousseline, beguin, colleron de toille de lin aussi garny de mousseline bonnet de moleton trois langes aussi de moleton, un oreiller avec une souille de lin le tout neuf, deux couches de toile fine. » 
L’enfant a été donné par le R.P. Camille, célérier de la maison,  à Marie Anne Vallée femme de Jean Bourdonneau, voiturier par terre, demeurant au Foix paroisse St Nicolas « pour le baptiser à l’église l’allaiter nourir et élever ».
Sur l’enfant « y aurions trouvé attaché un papier de la largeur de quatre doits où est écrit ces mots, l’enfant a été baptisé à la maison, les personnes destinées pour l’élever sont priés d’en avoir bien soin, attendu la récompense qu’ils en recevront et de le nommer Pierre. Lequel écrit est d’une écriture déguisée et qui paroit être écrit de la main d’une femme. Lequel sera joint au présent procès-verbal pour y avoir recours ».
Permission est donnée de faire informer contre les auteurs et complices de l’exposition. Permission aussi de faire publier un monitoire.

Signé Buisson Turmeau

ADLC 38 BV12

Aujourd’hui 30 juin 1756
 Jacques Turmeau de la Morandière, bailli de St Laumer de Blois, à la réquisition des Révérends Pères, prieur et procureur de St Laumer, « nous sommes transportés avec eux dans leur église, et le procureur fiscal de cette justice et le commis de notre greffier, où étant avons trouvé à deux heures après midy une petite fille quy y a été exposée sur la marche d’entrée de la chapelle de la Vierge ayant une carte sur l’estomac où est écrit ces mots, l’enfant a nom marguerite, cinq mois, ayant les yeux bleus le nez court retroussé les cheveux et sourcils blonds grande bouche platte, une brassière de tiretaine, la tête couverte d’une méchante cornette et bonnet, enveloppée d’un mauvais lange en guenille, couchée sur un oreiller de plume de poule avec une pièce d’une mauvaise tapisserie de bergame usée. 
et nous a été déclaré que ladite fille a été trouvée audit endroit cy dessus par le nommé Bailly, dépensier de ladite maison de St Laumer, sur une heure et demie du matin.
et laquelle fille a été donnée à l’instant par lesd R.P prieur et procureur à la veuve Michel Bordier demeurante en Bas Rivière qui l’a prise et emmenée pour la nourir et soigner et est lad carte suscrite demeurée jointe à ces présentes dont acte ».  

Signé Turmeau Buisson Coutanceau    

ADLC 38 BV12

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