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Carpes et brochets trouveront-ils preneurs ?

Au XVIIe siècle, le poisson est transporté vivant. Cela implique bien des contraintes et des aléas. Odile Galliot est pressé de vendre le contenu de ses bascules qu’il ramène de Briare.

Odile Galliot s’est amarré le long de la motte des Chalands Percés à Orléans où près d’une dizaine de poissonniers (surtout des poissonnières) qui y habitent[1] se montrent intéressés. Il y a là quantités de poissons[2].

Le 25 avril 1653, à sa demande, pour pouvoir justifier des pertes, ils témoignent  devant le notaire  « que dans la sepmaine sainte dernière ilz ont veu ariver au port de ladicte motte des chalands percez le sieur Audille Galliot marchand de poisson demeurant à Bloys avec deux bascules dans lequelles y avoit du poisson d’eaue doulce qu’il disait luy appartenir et les ramenoit de Briare où il estoit allé espérant en faire la livraison aux sieurs Bourdet marchandz de Paris ausquels il avoit cy devant vendu ledit poisson à livrer, et estant aud port d’Orléans ledit Galliot aurait exposé ledit poisson à vendre et débiter en gros ou en destail, » 

Et chacun déclare ce qu’il a précisément acheté[3]:

« ledit Robert le jeune en aurait achepté 7 cens de carpes de 9, 10, 11, 12 poulces y compris 6 grands brochetz donnez par le marché faisant qui estoit au pris de 36 livres le cent plus auroit ledit Robert achepté 2 miliers de penard[4]au prix de 40 livres le milieu ». 
Michelle Bazin et Jacques Payen,  son mari, ont acheté quantité de carpes et brochets : savoir 41 brochets d’un pied et demi, par moitié  avec ledit Estienne Dequoy, pour la somme de 65 l. ;  60 autres brochets d’un pied 15 pouces et pied et demi pour 45 l. et 500 de carpes de 9, 10, 11 et 12 pouces au prix de 36 l.  le cent, 8 carpes de pied et demi et plus pour la somme de 24 l. et 1 cent de tanches pour 12 l.
La femme Saillant a acheté 72 brochets : savoir 12 de pied et le reste les deux tiers de pied et demi et au dessus, et le tiers de 15 pouces, le tout pour 73 l., y compris deux grands brochets mortz, plus 4 grandes carpes de 15 pouces pour 100 sols « à cause qu’elles étoient faibles » et un cent de tanches de 12 l.. 
Marie Rabot veuve Estienne Bonnet, Jacquette Lemaistre veuve Charles Payen et Marie Crochet femme de Morice Legris ont acheté chacune un quarteron de brochets de quinze pouces et pied et demi au prix de 15 et 16 l.
Jeanne Clément femme de Claude Fouasse et Anne Prédé femme de Noël Vallot ont acheté 2 milliers 300 de tanches à 12 l. le cent

Quelques particuliers en ont aussi acheté mais il n’a pas pu tout  écouler.  « Ce que n’ayant peu faire à cause de la mes vente et perte qui s’y trouvoit a esté contraint de les ramener audict Bloys et sont lesdictes bascules partyes du jour d’huy ».

ADL 3E11190


[1]Aussi la motte des Chalands Percés était-elle aussi dénommée motte des Poissonniers. Il s’agissait de la partie aval de l’île située au milieu de la Loire, sur laquelle prenait appui le pont médiéval ; lui faisait pendant en amont la motte Saint Antoine. Le tout a été détruit lors de la construction du pont Royal vers 1760. 
[2]Ces poissons viennent des étangs de Sologne, principale source d’approvisionnement de la capitale. Se référer au livre de Reynald Abad, Le Grand marché. L’approvisionnement alimentaire de Paris sous l’Ancien Régime, 2002.
[3]Un pied = 32,5 cm = 12 pouces ; 1 pouce = 2,7 cm.
[4]Jeune poisson ou alevin destiné à repeupler les étangs. 


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