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Des toues qui prennent leur indépendance

La débâcle, souvent suivie d’une crue, présente un grand danger. Ici, les bateaux ont été retrouvés à plus de soixante kilomètres. On s’arrange alors entre bateliers.

Le 27 février 1694, Martin Baudin, marchand voiturier par eau d’Orléans, vend à Pierre Godu, voiturier de Blois, alors présent à Orléans, 

« scavoir deux grandes toues, une de chesne qui est à la Bouillie près Blois[1], l’autre une sapine rompue qui est au travers le pont appellé le pont Chastré[2]audit Blois, lesquelles deux thoues appartiennent audit Baudin et que les glasses ont emmenée du port de la Tour neufve de cette ville d’Orléans,             

à prendre par ledit Godu lesdites deux thoues ausdits lieux ci dessus déclarés en l’estat auquel elles sont, et que ledit Godu a dit bien scavoir pour les avoir veues et visitté  et s’en tient pour comptant, et pour par luy les faire enslever,

et (pour) faire recougnoistre la sapine qui est au travers le pont Chastré, ledit Baudin luy a dellivré le bout de funin[3]cassé pour en faire faire la confrontation avec celluy qui estoit dans lad thoue et qui est resté à Blois, de plus ledit Baudin cède et délivre audit Godu les planches d’une autre thoue cassée qui sont à Blois et dont ledit Godu a desjà partye desdits planches chez luy, »

Le prix est fixé à 80 livres. 

« surquoy led Godu paiera 4 l. 4 s pour le peschage de lad sapine au sr Clément, 75 livre sera payé  audit Baudin par Godu le jour de St Jean Baptiste prochain à Orléans, n’est pas compris en ladite vente le funin qui est chez le gendre dudit Godu ny les bastons qui sont chez le sr Clément lesquels ledit Godu rendra audit Daudin. 

Si la sapine qui est au pont Chastré avoit estée enlevée par qui que ce soit ledit Godu ne pourra faire aucunes poursuites sans en donner advis audit Gaudin. » 

ADL 3E/ 10455                                                                                                                               

Document communiqué par Sylvain Négrier    


[1]La Bouillie est un lieu-dit situé rive sud à Blois, en aval du pont Charles de Gaulle. Depuis le XVIe siècle, « un déchargeoir » y a été aménagé, qui dirige les eaux de la Loire vers le Cosson en cas de grande crue, protégeant ainsi la ville des inondations. Visiblement, ici il a fonctionné, puisque la sapine brisée a été retrouvée en travers des Ponts Chatrés qui le traversent. Se reporter à Le déchargeoir de la Bouillie en action, en consultation sur notre site.

[2]Les ponts Châtrés. Et non Chartains comme le XIXe siècle les à tort rebaptisés. Ponts Châtrés car ils consistent entre une alternance de chaussées et d’arches.

[3]Funin = cordage.


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