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Sucre, cassonades et épiceries sous un pied d’eau

1653, c’est l’année de la création de la première raffinerie de sucre à Orléans. Le 13 mai, une toue fait naufrage au port de la Poterne. La cargaison est destinée à un confiturier de Moulins.

Anthoine Paillard, voiturier par eau de Maringues en Auvergne, Maximilien Macé, voiturier par eau demeurant à Limon en Auvergne et Estienne Telly, voiturier par eau de Roanne attestent en conscience 

« que la nuict dernière environ une heure après minuict, eux estans en leurs bateaux au port de la Poterne de ceste ville d’Orléans, ilz ouyrent (entendirent) appellez au secours Jean Boiret dit Jacob et son personnier[1]nommé Claude Charbonnier, voicturiers par eaue de Moulins en Bourbonnais qui estoient aussy en leurs bateaux audit port de la Poterne,

à laquelle clameur lesdictz attestans et plusieurs autres seraient allez et auroient veu une thoue à deux bordz où y avoit deux quartz et un poinçon de marchandise de sucre cassonnades[2]et espiceries, qui estoient mouillées en ladicte thoue dans laquelle estoit entré de l’eaue plus d’un pied[3]de hault par accident 

et ne croyent pas qu’il y eust de la faulte des voicturiers qui amenoient lesdictes marchandises ains[4]que c’est plustost les grandz bateaux estans audict port qui ont pressé ladicte thoue, l’ont faict aller à fondz par un costé, auquel naufrage lesdictz attestans avec leurs hommes secoururent à leur possible lesdictz Boiret et Charbonnier, 

qui disoient lesdictes marchandises leur avoir esté baillées à voiturer par le sieur Pierre Jogues[5]marchand audict Orléans pour les mener et rendre conduites au sr Estienne Bouquerat marchand confiturier demeurant aud Moulins lequel en avoit faict l’achapt aud Orléans dud sr Jogues et aultres, et ayans iceux attestans au mesme instant visité ladicte thoue auraient trouvé quelle estoit bien estanche et ne prenoit point d’eaue »

ADL 3E11190


[1]Homme qui travaille avec lui et pour lui.

[2]Cassonade blanche ou sucre terré : sucre qui a subi dans les Îles des Antilles un premier raffinage. Blanchi au moyen d’une terre spéciale, il est ensuite pilé et mis dans des tonneaux.  Les confiseurs l’emploient souvent dans leurs confitures, la préférant même au sucre blanc raffiné. Celles-ci sont ainsi plus belles et ont davantage de garde

[3]Un pied : 32,5 cm.

[4]Signifie mais.

[5]Les Jogues sont une famille de négociants orléanais très connus. Ils créeront une raffinerie des plus importantes d’Orléans au XVIIIe siècle, rue de Recouvrance.

 

                                                                                                                            



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