1744
« A Monsieur
Monsieur le bailly de la justice de St Lhomer de Blois
Suplie et vous remontre humblement Louis René Cezard Hogu estudiant en droit en l’universitté d’Orléans, fils mineur de me Louis Hogu avocat en parlement et au siège présidial de Blois et proceddant sous son autoritté
que le jour d’hier dernier juin sur les neuf heures et demye du soir s’estant allé promener sur le quay de la galère[1] avec quatre dames de sa connoissance, il avoit avoit pris envie auxd dames de se laver les pieds sur les bords de la rivière de Loire ce quelles auraient fait, que le supliant ayant aussy eu envie de se baigner, se seroit retiré à l’écart et se seroit deshabillé dans un batteau eloigné desd dames et qu’ensuitte s’estant jetté dans l’eau il se seroit aproché en nageant de l’endroit où estoient lesd dames et s’estant arresté audit endroit où l’eau estoit basse il auroit causé avec elles, couché dans l’eau à une certaine distance et à la faveur de l’obscurité de la nuit, de telle sorte qu’on ne luy voyoit à peine la teste hors de l’eau ce qui ne causé aucun scandal auxd dames, le supliant ayant eü soing de garder toutte la bienséance et la modestie qu’on doit observer avec des dames en pareille occasion, que pendant que le supliant estoit en cet état et conversoit avec lesd dames dont il estoit esloigné comme il est cy dessus dit,
la femme du nommé Bertheau habitant du fauxbourg du Fois s’estoit venüe joindre lesd dames quelle ne connoissoit pas sous prétexte de se laver aussy les pieds et avec elle led Bretheau son mary lequel ayant aperceu le supliant, convercer avec les dames de sa compagnie luy avoit dit qu’il ne convenoit point à un polison somme luy de se baigner ainsy devant des dames à quoy le supliant ayant répondu audit Bertheau que cela ne devoit point l’inquiéter et que ce n’estoit point ses affaires led Bertheau luy auroit dit que l’on ne se baignoit ainsy que devant des putains, et que s’il alloit à luy il luy donneroit vingt coups de pieds dans le ventre
à quoy le supliant luy ayant répondu qu’il ne le croyoit pas assé téméraire pour cela led Bertheau, se seroit à l’instant avancé dans l’eau tout habillé et auroit pris le supliant par les cheveux luy auroit plongé plusieurs fois la teste dans l’eau sur le sable et sur les cailloux et luy auroit donné pluieurs coups de pieds en différentes partyes de son corps, et recommancé à plusieurs fois de leuy plonger la teste dans l’eau, a fait tous ses efforts pous le faire noyer,
de telles sorte qu’il auroit avallé une grande quantitté d’eau qui l’auroit infailliblement noyé, sy les dames de sa compagnie ne s’estoient avancer dans l’eau touttes habillée pour retirer led Bertheau par ses habits et empescher de continuer ses violances, coups de pieds réitérés et d’exécuter son mauvais dessein,
desquels exces et violences le supliant est actuellement retenu au lit malade ayant plusieurs bosses à la teste et resentant de vives douleurs, et comme l’action et le proceddé dudit Bertheau est un vérittable attentat à la vie du supliant qui ne luy a donné aucun suiet de le maltraitter, il a décidé de se pourvoir pour en avoir réparation, à l’effet de quoy il vous donne la présente plainte. »
[1] Du nom de la célèbre auberge de la Galère, actuel quai du Foix.
Un personnage à éviter, ce Bertheau !
heureusement, une fois encore, les femmes sont arrivées.