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L’achat d’un moulin à bac flottant sur la Loire, un investissement !

Un moulin à bac, avec ses meules, ses mécanismes, ses ancres, coûte très cher.

18 août 1818

  Devant Jean Louis Porcher, notaire royal à Blois 
Monsieur Charles François Yvonneau propriétaire, demeurant à Blois faubourg neuf, et dame Marie Marguerite Jolite Baston son épouse ont vendu 
au sieur Jacques François Duguet meunier « non encore patenté » et à dame Marguerite Guillon son épouse demeurants à Blois fauxbourg de Vienne rue Croix Boissée 

« Un Moulin à bac à farine, flottant sur la rivière de la Loire, autrefois placé au dessous de la ville vis-à-vis la croix renard, en rivière et actuellement près les Tuilleries commune de Blois consistant d’un bac[1]et tous ses tournans, virans moulans et travaillants.
Savoir
Deux meules de Brie et autres ustencilles ; 
Quatre ancres saurines et deux ancres, anquereau ;
Une grande ancre et son couple de chaines
Deux pinces, une grosse et une petite,
Un mordant servant à arracher les pieux[2]
Un cramoisé ou espèce de cric
Flot pour le pesage et garni de ses cordes ballances et poids, faisant ensemble cent quatorze kilogrammes.
Une petite barque ou toue, dépendante du dit moulin son ancre et sa chaine tout 
Tous les cordages nécessaires tant pour le service intérieur que pour le service extérieur dudit moulin.
Cinq marteaux à piquer les meules 
Un grand ciseau en fer.
Une masse.
Une grande cougnée à blanchir
Deux bâtons garnis de leurs fers.
Deux leviers et un marteau à clou
Deux cribles tant bons que mauvais
Deux corbeilles
Quatre mets à mettre farine
Un lit et son travers en plume d’oie ensouillé en couty
Et généralement tous les autres ustencilles qui peuvent se trouver dépendre dudit moulin 

Monsieur Yvonneau s’oblige à livrer d’ici un an de ce jour et à faire placer un bac et un sceau neufs et cependant ceux existants resteront en la propriété des acquéreurs, qui seront tenus sauf le payement du prix des dits bac et sceaux à se conformer à toutes clauses et conditions qui pourroient avoir été arrêtées avec des entrepreneurs si aucunes ont été faites.
[…]
Les dits sieur Duguet et son épouse s’obligent solidairement jusqu’au parfait payement du prix cy après, de charroyer avec leurs chevaux et harnois sans pouvoir exiger aucune indemnité, et ce annuellement au domicile d dit sieur et dame Yvonneau dans le courant de l’été, dix stères quatre vingt dix sept centièmes de stère (ou quatre cordes de bois de trente pouces) et huit hectolitres quatre vingt quatorze litres cinq centièmes de litres (ou quatre poinçons de vin) lesdites livraisons évaluées pour chaque année à la somme de vingt francs sans qui la présente évaluation puisse dispenser faire lesdits charrois en nature.
Appartenant à Monsieur Yvonneau comme l’ayant acquis de Jacques Benjamin Granger meunier à Blois et dame Thérèse Rochette, son épouse suivant acte reçu de maitre Riffault qui en a gardé minute et son collègue notaires en cette ville le quinze septembre mil huit cent seize enregistré le dix neuf, aux dits Granger et son épouse ledit moulin appartenait au moyen de l’acquisition qu’ils en firent de dame Marie Françoise Gallois veuve de feu Jean Granger, marinier, demeurant à Blois, suivant acte reçu de maître Riffault susnommé et son collègue le vingt huit novembre mil huit cent quatorze enregistré le cinq décembre suivant. 
Monsieur Yvonneau réserve entre ses mains la copie de l’acte dudit jour quinze septembre mil huit cent seize , et il s’oblige le remettre en fin de payement.

Cette présente vente est ainsi faite moyennant la somme de huit mille francs pour tout prix que les acquéreurs s’obligent solidairement payer aux vendeurs en leur domicile, ou leurs héritiers ou ayans causes, dans le courant de douze années à compter de ce jour, avec l’intérêt à raison de cinq pour mil par an sans retenue jusqu’au remboursement
Les acquéreurs auront la faculté de faire des payements partiels qui ne pourront pas être moindre de mille francs alors l’intérêt diminueront en proportion. »
[…]

Est présent le sieur Jacques François Duguet propriétaire demeurant à Blois rue Chambourdin, qui se porte caution de son père.
Tous deux pour garantir la vente hypothèquent des biens.
Le sieur Duguet père hypothèque spécialement :
– Une pièce de terre située à la Nozilette, commune de Blois,  2 ha 43 ares12 centiares ou 4 arpents ancienne mesure,
– 60 ares 78 centiares  ou 1 arpent de terre en deux pièces situées aux maisons rouges.
– La moitié d’une maison dans laquelle ils demeurent située Blois rue Chambourdin n°17.

Et le sieur Duguet fils et sa femme :
– 22 ares 71 centiares ou 4 boisselées et demie de terre située à la croix pichon terroir de Villiersfins Blois
– 11 ares 4 centiares ou 2 boisselées climat de terre derrière la Croix Baudière Blois


[1] L’acte de vente précédent de 1816 précise « un bac et sa foirine ».
[2] « Un mordant en fer servant à arracher les pieux des roulis » spécifie un acte antérieur (23 fructidor an 5). Sur le danger des roulis, murets édifiés par les meuniers pour diriger les eaux vers la roue de leurs moulins, se reporter à l’ouvrage « Bateliers sur la Loire. La vie à bord des chalands », p. 51 à 55, La Salicaire.

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